Changer à 40, 50 ou 60 ans

Le bon moment n'existe pas

régis vaquié

12/19/20252 min read

ou Le bon moment n’existe pas

Je crois qu’il n’y a jamais de “bon moment” pour changer.
À 40 ans, on se sent encore jeune… mais déjà installé.
À 50, on se dit que c’est risqué.
À 60, on se demande si ce n’est pas trop tard.
La vérité, c’est qu’il n’y a pas de moment idéal.
Il y a juste un moment juste : celui où l’on ne peut plus rester comme avant.

Ce moment arrive rarement d’un coup.
Il s’installe progressivement, comme un léger décalage.
On ne sait pas encore ce qu’on veut, mais on sent très clairement ce qu’on ne veut plus.
On ne veut plus se sur-adapter, se contraindre, faire semblant d’y croire.
On ne veut plus vivre au rythme d’un projet qui ne nous appartient plus vraiment.
Et ce “non”, silencieux au début, devient peu à peu le premier vrai signal du changement.

Je me souviens d’un dirigeant de 52 ans qui m’a dit :
“Je n’ai pas de projet précis. Mais je sais ce que je ne veux plus.”
Cette phrase, à elle seule, contenait déjà la moitié du chemin.
Parce que dans les transitions, on ne commence pas toujours par savoir où aller ; on commence par cesser de se mentir.

À ce stade, les questions qui comptent changent aussi.
Elles deviennent plus profondes, plus intérieures :
'Où ai-je encore envie de développer mes talents ?'
'Que me reste-t-il à accomplir, vraiment ?'
'À quel endroit puis-je être utile, singulièrement ?'
Ces questions-là ne cherchent pas des réponses rapides.
Elles appellent du discernement, de la lenteur, parfois du silence.
Mais elles tracent une nouvelle direction.

Changer à 40 ans, c’est souvent un acte d’identité.
On se choisit soi-même, parfois contre les attentes des autres.
Changer à 50, c’est une question de sens : on veut servir autrement, avec plus de cohérence.
Changer à 60, c’est une forme de transmission : continuer, mais différemment, en passant le relais à sa manière.

Ce que j’observe, c’est que la maturité rend plus libre.
On n’a plus besoin de prouver.
On cherche simplement à être juste.
Et plus on avance, plus on comprend que le changement n’est pas une fuite : c’est une fidélité à ce qu’on devient.

Alors non, il n’y a pas de bon moment.
Mais il y a un instant où l’on sait que le mouvement est devenu nécessaire.
Et cet instant-là, quand il arrive, vaut tous les calendriers du monde.

Et vous, à quel moment avez-vous su que ce n’était plus tenable, non pas parce que vous saviez où aller, mais parce que vous saviez ce que vous ne vouliez plus ?

"Une réflexion
rarebird, entre chasse de tête et coaching de transitions"

Photo : Angélique Vaquié - "Quand l'esprit s'ouvre au vivant : parce qu’à certains moments de nos parcours, il ne s’agit plus de changer de cap, mais d’apprendre à laisser pousser autre chose à l’intérieur".