Le brouillard professionnel

Il y a ces moments étranges dans une carrière où tout semble flou.
On continue d’avancer, les indicateurs sont au vert, le poste tient, la reconnaissance est là… mais à l’intérieur, quelque chose s’est déréglé.

Ce n’est pas une crise. Pas encore.
C’est un léger brouillard - ce moment où la motivation se dilue sans qu’on puisse dire pourquoi.
Le matin, on met un peu plus de temps à enclencher.
Les succès ne résonnent plus de la même façon.
Et la petite voix, qu’on avait si bien mise en sourdine, commence à reparler.

Je rencontre souvent des cadres dans cette zone grise.
Ils ne vont pas mal, mais ils ne vont plus très bien.
Ils se sentent “ingrats” de douter alors que tout semble objectivement réussi.
Et c’est justement là que le brouillard est le plus trompeur : il ne signale pas un échec, il annonce une évolution.

On cherche alors des explications rationnelles : le management, la stratégie, la charge, la conjoncture…
Et souvent, le vrai sujet est plus intime : on a changé.
Nos leviers de plaisir, nos besoins de reconnaissance, nos envies profondes ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans.
Et c’est normal.

Le problème, c’est que le système autour de nous, lui, nous renvoie sans cesse à notre "cohérence" : ce que nous avons construit, ce qu’on attend de nous, ce que serait la suite "logique".
Alors on attend.
On espère que le flou passera.
Mais le brouillard ne passe pas.
Il s’épaissit.

Chez rarebird, nous voyons souvent que ce moment-là est précieux.
C’est le signe qu’une mue est en cours : lente, discrète, mais réelle.
Encore faut-il l’écouter avant qu’elle ne devienne rupture.

Ce n’est pas un hasard si tant de transitions réussies commencent ainsi : non pas par un burn-out, ni un plan de carrière, mais par une gêne diffuse, une perte de saveur, une envie d’autre chose encore mal formulée.

Le brouillard n’est pas un piège.
C’est un passage.
Et souvent, le début du discernement.

👉 Vous souvenez-vous de votre dernier "brouillard professionnel" ? Qu’est-ce qui vous en a fait sortir ?

Valérie Kolloffel - Clavert Christophe Burgaud Adeline Petit

Crédit photo : Gérard Héloise / Collection Rarebird