Quand on reste par loyauté

Et si la loyauté n’était pas toujours partagée ?

Régis Vaquié

5/8/20242 min read

Quand on reste par loyauté ou Et si la loyauté n’était pas toujours partagée ?

C’est une phrase que j’entends souvent :
“Je ne peux pas partir maintenant, je leur dois bien ça.”
Elle dit l’engagement, la conscience, la fidélité.
Mais elle dit aussi, parfois, une forme d’attachement qui retient.

On reste pour achever un projet, soutenir une équipe, protéger un dirigeant.
On reste parce qu’on se sent responsable.
Parce qu’on a bâti, accompagné, transmis.
Et c’est noble.
Mais à force de rester “pour les autres”, certains finissent par s’oublier eux-mêmes.

J’ai accompagné beaucoup de dirigeants à ce moment-là : ils savent qu’ils ont donné, qu’ils ont porté, mais ils ne veulent pas “lâcher”.
Ils redoutent d’abandonner une équipe, un projet, un dirigeant.
Alors je leur pose souvent une question simple :
- "Et si, demain, la situation s’inversait ?"
- "L’entreprise, elle, aurait-elle la même loyauté envers vous ?"

C’est une question difficile, parfois douloureuse.
Car chacun a vu des plans sociaux, des fusions, des cessions, où des femmes et des hommes profondément engagés ont été remerciés sans égard, parfois même sans regard.
Non pas par cruauté, mais parce que la loyauté du système n’est pas celle des personnes.

L’organisation agit par rationalité, pas par émotion.
Et c’est là que le malentendu s’installe : la loyauté du cœur se heurte à la logique des chiffres.
Je crois profondément qu’il faut continuer à être loyal - et lucidement.
Loyal envers les autres, oui, tant que cette fidélité ne devient pas un renoncement envers soi.
Loyal envers l’entreprise, oui, tant qu’elle reste un lieu de sens et de respect.
Et surtout loyal envers soi-même : dans la clarté de ses limites, dans la justesse de ses choix.

Chez
rarebird, nous posons souvent cette question à ceux que nous accompagnons :
- "Cette fidélité vous relie-t-elle encore, ou vous retient-elle ?"
- "Et si vous restiez, serait-ce par conviction, ou par crainte ?"

Ces moments de bascule demandent de la clarté, pas de la culpabilité.
Car on ne trahit pas en partant.
On reconnaît simplement que le cycle est achevé.

La loyauté, pour être belle, doit rester vivante.
Elle suppose du respect, et aussi de la réciprocité.
Et parfois, la plus juste façon d’être fidèle à son histoire,
c’est d’accepter de l’honorer … en la quittant.

Et vous, avez-vous déjà senti que votre loyauté n’était plus reconnue, ou qu’elle vous empêchait d’avancer ?